mercredi 3 juillet 2013

LE CONGRÈS

2h00 - Sortie le 3 Juillet 2013

Un film de Ari Folman avec Robin Wright, Harvey Keitel & Danny Huston
Robin Wright (que joue Robin Wright), se voit proposer par la Miramount d’être scannée. Son alias pourra ainsi être librement exploité dans tous les films que la major compagnie hollywoodienne décidera de tourner, même les plus commerciaux, ceux qu’elle avait jusque-là refusés. Pendant 20 ans, elle doit disparaître et reviendra comme invitée d’honneur du Congrès Miramount-Nagasaki dans un monde transformé et aux apparences fantastiques…

La Moyenne des Ours : 3,3/5

Le point de vue de Pépite : 3,5/5
The Congress est un film navigant avec brio entre le film d'anticipation angoissant et le film d'animation "What the fuck". Sans que l'on comprenne tout, il laisse en tout cas une forte impression  ! 
Le côté "réel" d'anticipation est vraiment très pertinent et intéressant. Les personnages campés par Harvey Keitel (qui joue l'agent de Robin Wright) et par Danny Huston (excellent en patron cynique de la Miramount) sont hilarants et justes, transformant cette situation d'anticipation absurde (les comédiens, c'est bientôt fini, maintenant il suffit de les scanner et de faire jouer à leurs "avatars" n'importe quoi, ou presque) en un portant saisissant et pertinent de l'industrie cinématographique contemporaine. Le tout est magnifiquement rendu dans une première partie où la photographie épouse déjà la partie animation qui suivra : en effet, c'est une mise en scène et une qualité photographique qui font beaucoup penser à la bande-dessinée.
La deuxième partie, qui elle est carrément en animation-dessin-animé très cartoonesque est beaucoup plus absurde que la première partie, ce qui peut parfois fatiguer : on ne comprend en effet plus grand chose, ou alors ponctuellement, alors que l'on navigue entre délire sous LSD et animation plus classique, puis plus bizarre (à la Felix le chat le film, quand Félix doit sauver le monde de Oriana qui présente pas mal de similarités avec le monde étrange présenté par Ari Folman).
The Congress est un film à deux vitesses qui parle de cinéma mais aussi de la société et de la place occupée par les images... C'est parfois dommage que l'on se sente un peu délaissés sur le bord de la route, complètement sobres, alors que Folman, son intrigue et ses personnages semblent avoir pris une drogue aux propriétés décapantes. Un objet étrange mais de qualité !

Le Mot du Comte : 3/5
"Le Congrès" est un film protéiforme, scindé en deux parties. La première concerne l’actrice Robin Wright, dont la carrière s’effrite parce qu’elle est trop vieille. Un patron de studio lui propose alors de la scanner pour que le studio puisse utiliser à jamais son image, pour tous les rôles possibles. La seconde partie du film est une partie animée, suite logique de la transformation de la réalité opérée par les puissances de l’image. Ici, un lâcher prise du spectateur est nécessaire pour pénétrer pleinement dans ce délire pessimiste lourd en symboles. Le propos d’Ari Folman, complexe, plein de malice et au final difficilement perceptible tant il distrait notre attention par de multiples appels visuels à la culture populaire (les personnages animés qui défilent, on en connaît tous un), reflète plutôt bien notre société du jetable, ou la télé-réalité et le présent perpétuel sont rois. Le monde de ce "Congrès" est un monde où le plaisir immédiat prend le pas sur tout et tous, une dictature du piètre et de la jouissance permanente.
Seulement voilà, si le contenu est dense et louable, la forme du film finit par peser. Si le spectateur accepte bien le délire, celui-ci finit tellement par retourner le cerveau qu’on souhaite que cela s’arrête. Car Ari Folman va loin et peut-être trop loin. Et plus il avance, plus il perd une partie de notre concentration. Devant ce flux d’images colorées, la confusion pointe vite le bout de son nez, la logique se perd et les sens se brouillent. "Le Congrès", film interactif tant il finit par fusionner son propos et sa forme (une telle cohérence est extrêmement rare), finit par atteindre ses limites et par tourner presque tout seul, sans n’avoir plus besoin de ses spectateurs. Au final, une seule question prévaut sur les autres: what the fuck ?

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