dimanche 11 août 2013

LES SALAUDS

1h40 - Sortie le 7 août 2013

Un film de Claire Denis avec Vincent Lindon, Chiara Mastroianni, Julie Bataille
Commandant, à bord d’un supertanker, Marco Silvestri doit rentrer d’urgence à Paris, abandonner le navire. Sa sœur Sandra est aux abois… son mari suicidé, une entreprise en faillite et sa fille unique à la dérive. Sandra désigne le coupable : l’homme d’affaires Edouard Laporte. Marco loue un appartement dans l’immeuble où Laporte a installé sa maitresse et leur fils. Mais Marco n’avait pas prévu les secrets de Sandra, qui brouillent la donne…

Le Mot du Comte : 0,5/5
La première chose qui frappe chez "Les Salauds", c’est peut-être le fait que Claire Denis n’a rien à dire et rien à montrer. Bâti sur un scénario à trous, mal écrit, où la notion de dramaturgie est complètement absente, et sur un montage bardé de flashback/flashforward (pour mieux noyer le poisson), "Les Salauds" n’a presque aucun atout. Filmé n’importe comment, à l’arrache (cadres crades et saccage de la caméra épaule), les scènes inutiles s’empilent les unes à la suite des autres, sans cohérence ni logique, de postulat en postulat, sans jamais creuser quoique ce soit, prenant comme seul argent comptant le mystère, qui ici revêt plutôt les oripeaux de la fainéantise. "Les Salauds" est donc un film fainéant, qui semble remplir le cahier des charges du parfait film d’auteur de clan : racolage avec des sujets tabous effleurés (ici, viol et inceste), écriture tarabiscotée (et surtout incompréhensible) et nu gratuit. Le film se croit plein de charme, mais il n’en a aucun, il se croit malin quand il est juste vide. 
La mise en scène de Denis se résume à des vues agitées depuis des voitures et à des gros plans qui ne veulent rien dire parce qu'ils ne montrent rien d’autre que les visages inexpressifs de comédiens en mal de personnage. Car quand on n’a rien à jouer, dur de tirer son épingle du jeu. Certains répliques de Vincent Lindon sont incompréhensibles (il mâche ses mots), Chiara Mastroianni pose, errant dans un appartement sous-éclairé, Julie Bataille sonne faux et Grégoire Colin est d’une fadeur extrême. Quand au seul personnage valable (car esquissé), c’est une vulgaire caricature interprétée par Michel Subor. Alors voilà, au milieu d’un ennui ferme nagent deux ou trois plans qui valent le détour, pour l’atmosphère qu’ils dégagent (l’accident de voiture, même s’il est prévisible, fait son petit effet). Le reste n’est que pauvreté inouïe, tant au niveau du contenu que de son filmage, le manque de moyens sautant aux yeux dès le troisième plan (le suicide) et cela fait plutôt peine à voir (le fameux supertanker du pitch n’apparaîtra qu’aux oreilles et certaines scènes ne sont mêmes pas éclairées). Claire Denis pose des bases et n’en fait rien. Avec un titre plus évocateur que son contenu (on attendait peut-être un vrai cri plutôt qu'un soupir mortifère), elle signe avec "Les Salauds" un énième film de caste, bon à glaner l'Avance du CNC, marqué du sempiternel sceau petit-bourgeois, et destiné à n’exciter qu’une fine brochette de journalistes. Le reste passera son chemin.

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