lundi 4 novembre 2013

INSIDE LLEWYN DAVIS

1h45 - Sortie le 6 Novembre 2013

Un film de Joel et Ethan Coen avec Oscar Isaac, Carey Mulligan et John Goodman
Inside Llewyn Davis raconte une semaine de la vie d'un jeune chanteur de folk dans l'univers musical de Greenwich Village en 1961. Llewyn Davis est à la croisée des chemins. Alors qu'un hiver rigoureux sévit sur New York, le jeune homme, sa guitare à la main, lutte pour gagner sa vie comme musicien et affronte des obstacles qui semblent insurmontables, à commencer par ceux qu'il se crée lui-même. Il ne survit que grâce à l'aide que lui apportent des amis ou des inconnus, en acceptant n'importe quel petit boulot. Des cafés du Village à un club désert de Chicago, ses mésaventures le conduisent jusqu'à une audition pour le géant de la musique Bud Grossman, avant de retourner là d'où il vient.

La Moyenne des Ours : 4,2/5

Le mot du Comte : 5/5
Le dernier film des plus européens des réalisateurs américains est un grand film, d’une beauté époustouflante, et qui ne s’embarrasse d’aucun effet superflu. Si le scénario n’est pas son atout premier (et pourtant), "Inside Llewyn Davis" est un pur moment de cinéma, de par la maîtrise de sa mise en scène d’abord, puis par la rigueur dont font preuve les frères Coen dans la construction de leur filmographie, de leur oeuvre. 
Car cette Odyssée de l’échec, cette « unsuccess story » dans le Greenwich des années 60 est en parfaite symbiose avec l’univers que les deux réalisateurs élaborent depuis leurs débuts. Il n’est alors pas surprenant d’y trouver une bonne dizaine de références, que ce soit au niveau des personnages, tous mieux écrits et mieux interprétés les uns que les autres (les vieilles secrétaires, les imbéciles heureux, John Goodman) qu’au niveau du thème traité dans le film, à savoir la fatalité. La science du détail est telle que les passerelles avec les autres films des frères Coen sont très nombreuses. 
Llewyn Davis (tout comme le Llewelyn Moss de "No Country for Old Men") fait tout pour réussir. Rien n’y fait, il est maudit, condamné à l’échec, condamné à faire les mauvais choix et à regarder les autres réussir. Mais les Coen ne le traitent pas avec mépris, bien au contraire, Davis est érigé en symbole de la lose, un peu comme le Dude de "The Big Lebowski" ou le Larry Gopnik de "A Serious Man". Mais voilà, le ton du film est nouveau. Les Coen réussissent ici à passer du comique au tragique en un quart de seconde, comme lors de cette séquence d’accident nocturne, qui est peut-être la plus terrible (dramatiquement parlant) séquence vue depuis longtemps. Et ils sont aidés par une galerie de personnages de marginaux (loufoques, hypocrites, méchants, au choix) ou par un chat au prénom prémonitoire qui mène la barque de l'insuccès.
La force du film repose également dans son traitement de l’univers folk. Chaque chanson est jouée et interprétée en live, ce qui rend chaque séquence chantée particulièrement hypnotique. De plus, la sobre (mais somptueuse) photographie de Bruno Delbonnel rend l’ensemble envoûtant. La fatalité est désormais visible. Si certaines scènes sont de grands moments comiques (les dialogues sont merveilleux), l’ensemble du film laisse une sensation inédite pour un film des frères Coen, qui semblent inaugurer une nouvelle dimension du regard qu’ils portent sur l’Amérique, tout en respectant les bases qu’ils ont soigneusement tracées. Et comme d’habitude, tout le film semble être concentré dans son tout dernier plan. 
"Inside Llewyn Davis" est un nouveau sommet dans la carrière des frères Coen, et un sommet de cinéma tout court.

La note de Juani : 3,5/5
La note de Pépite : 4,5/5

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